Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Constitutionnel

Vendredi 6 juillet 1883

Page 3.

(Voir le texte d’origine sur Gallica.)

 

 

LITTÉRATURE

LES NÉVROSES

PAR M. MAURICE ROLLINAT

(chez Charpentier)

 

I

Elles ont paru et elles ont fait leur effet, ces Névroses que j’avais annoncées ici, bien avant tous les autres qui en ont parlé – bien avant que les Spéculateurs connus en matière de publicité, avec leurs trompettes – qui ne sont pas les trompettes du jugement dernier – aient vomi le nom de Rollinat de leurs horribles conques, intéressées seules au bruit qu’elles font ! J’avais montré, de loin, à l’horizon (1), le poète qui allait y poindre et qui l’a, d’un trait, subitement envahi pour y rester, étoile à sa place, malgré les efforts réagissants de l’Envie qui voudrait maintenant l’en précipiter. J’ai attendu longtemps avant de parler des Névroses. Je tenais à expliquer leur genre de succès. Nerveux aussi, retentissant, violent, orageux, emporté et déchiré à deux courants contraires, ce succès a été ce qu’il devait être. Le poète, sensible comme ces sybarites d’amour propre qu’on appelle des poètes, a pu s’en plaindre et en souffrir, mais ce n’est pas moi ! Il était dans la nature des choses. Il ne pouvait pas être un succès uni comme le plat de la main, facile à enlever comme un ballon dans lequel il n’y a personne, fluant, sans rencontrer d’obstacle, comme une inondation de bêtise satisfaite rappelant, par exemple, le grand succès de feu Ponsard, dont la Lucrèce fut d’abord un succès de lecture dans je ne sais plus quel salon, et qui devint célèbre du soir au matin, tant cet adorable médiocre de Ponsard était délicieusement en accord parfait avec la médiocrité universelle, qui décide de tout dans un pays où la majorité fait loi… Mais, que diable ! quand on est Maurice Rollinat, on n’est pas Ponsard !

Il s’était trop fié, lui, Rollinat, à la première impression causée par le plus inattendu des talents, et il fallait d’autant moins s’y fier que c’était la bonne. Elle avait été très vive et très profonde. Le coup avait porté à fond, quoique soudain. Mais comme on devait revenir vite contre cette impression première ! et comme on devait peu s’en étonner ! Talent à triple face, M. Maurice Rollinat, trois fois poète, l’était deux fois trop dans un pays où c’est même souvent trop que de l’être une fois. Il était poète, comme tous les poètes, mais il était le grand diseur et le grand acteur de ses vers comme il en était le musicien. Il les chantait lui-même sur une musique jumelle, puisée à la même source d’inspiration que sa poésie… Et, par ce genre d’exécution, il rappelait Thomas Moore, l’ami de lord Byron, qui avait enchanté autrefois les salons de Londres avec ses Mélodies irlandaises. Seulement, en Angleterre, pays fortement hiérarchisé où l’orgueil supprime la vanité et où la supériorité n’est pas une insulte, cela n’avait pas d’inconvénient et n’offensait personne, tandis qu’en France cela devait, en y pensant bien, blesser tout le monde. En France, la moins pardonnée des impertinences, c’est de se permettre de ne pas emboîter le pas avec tous.

Et c’est ce qui est arrivé. La girouette française, sur son pivot fixe, la vanité, a tourné, et elle s’est retournée. A la réflexion, on a été injuste, après avoir été juste dans la surprise de l’émotion. On a été injuste et ingrat envers un talent qui avait donné un plaisir de la plus étonnante électricité, et on est allé dans l’ingratitude jusqu’à nier au poète sa sincérité. L’émotion qu’il avait causée était indéniable, c’était un fait comme un coup de marteau sur une enclume est un fait ; mais on lui chicana la vérité intime du sentiment qui la produisait. Il avait eu son petit quart d’heure de Sarah Bernhardt, mais la pendule retentissante, après avoir si fort retenti, ne sonna plus. Elle s’était arrêtée. Ceux qui avaient applaudi avec le plus d’enthousiasme l’étrange poète à trois voix ont mieux aimé se déclarer dupes d’un faux artiste que de reconnaître la force réelle d’un talent vrai. Les petits poètes du temps qui lisent leurs vers dans les salons de manière à faire bailler les chaises, les musiciens qui osent s’entendre, et, qui sait ! peut-être aussi les acteurs, dont le talent n’est au fond qu’une singerie, ont déclaré, en leur âme et conscience, que Rollinat et ses Névroses, – ces névroses (malheureusement !) vraies jusqu’à la maladie, – n’étaient pas sincères. Le serpent charmeur des soirées de Paris n’était plus pour eux qu’un clown déhanché qui, la sébile aux pieds, jouait l’épileptique de grand chemin. Ils lui avaient donné. Ils avaient mis dans sa sébile. Maintenant ils y reprenaient leurs gros sous !… Noble spectacle ! J’ai ouï même qu’un grand sincère en littérature, le grand sincère de Tragaldabas et de Profils et Grimaces, qui doit justement se connaître en grimaces, celui-là, avait dit un soir, après avoir entendu cet extraordinaire Rollinat, qu’il était certainement très puissant, mais qu’il doutait qu’il fût sincère ! Comme si ce n’était pas trahir et déshonorer sa propre admiration à soi-même que d’exprimer, après elle, un pareil soupçon ! comme si ce n’était pas trahir et déshonorer sa propre admiration à soi-même que d’exprimer, après elle, un pareil soupçon ! Comme si on pouvait faire la preuve mathématique de la sincérité d’un homme ! Comme si cette sincérité, fille mystérieuse et invisible de la conscience, pouvait se prouver autrement que par la puissance de l’accent qu’elle a et dont, ce soir-là, précisément, on convenait !

Triste et grotesque histoire, malgré son éclat, et qu’on pouvait deviner avant qu’elle fût écrite ! M. Maurice Rollinat, le nouveau débarqué en trois bateaux dans la poésie contemporaine, qui, dès son début, trouvait un public qui s’offrait presque de lui-même, M. Maurice Rollinat était trop du pays bleu des poètes pour ne pas s’enivrer de son bonheur et ne pas se fier aux sympathies de gens qui ne voulaient se servir de lui que comme d’un plumet pour leurs journaux. Ils lui avaient, pour leur compte, préparé et arrangé des exhibitions qu’il croyait nécessaires, puisqu’il était musicien, et qu’il faut bien prendre les oreilles dont on a besoin où elles sont… A présent, il en a fini de ces exhibitions dont il a senti le dégoût. Le musicien s’est évaporé dans les airs qu’il chantait avec cette voix chaude et vibrante qui n’a jamais manqué son coup sur les cœurs et qu’aucun musicien ne chantera jamais plus comme il les chantait. Mais son livre des Névroses nous reste, son livre, impersonnel et muet, sans déclamation et sans musique, et à distance de ces deux fascinations, on peut le juger.

 

II

Peut-on dire qu’il a été jugé déjà ? Après avoir beaucoup parlé de M. Rollinat, on a beaucoup écrit sur lui et sur son livre, mais l’a-t-on vraiment jugé ?… La pile d’articles de journaux dont il a été l’objet est formidable. Il pourrait s’en faire, s’il le voulait, une petite colonne Vendôme, non pas de bronze, mais de papier. Et il n’y a pas que des ennemis là-dedans, il y a des admirateurs, tout aussi passionnés que les ennemis, car le mérite de M. Rollinat, c’est de ne laisser personne tranquille, c’est de tourmenter violemment les imaginations. Ses Névroses sont contagieuses. Elles donnent réellement des névroses à ceux qui parlent d’elles ! mais d’homme qu’il n’ait pas possédé, comme le démon possède, d’homme qui reste se possédant lui-même avec ce terrible sorcier, et qui se rende compte froidement de ses sorcelleries, à l’heure présente, je n’en connais pas. La Critique de ce moment du siècle a procédé avec M. Maurice Rollinat, hélas ! comme elle procède toujours. Elle a dit, à propos des névroses, ses goûts ou ses dégoûts, à elle, ses préférences et ses horreurs, tirant tout de sa propre personnalité, faisant comme les peintres qui se peignent plus que les gens qu’ils peignent, dans leur peinture ! Le plus souvent incapable d’une synthèse quelconque, la Critique se contente de déchirer avec les petites épingles de l’analyse un livre quand il est d’ensemble, quand il a la prétention d’être lié en toutes ses parties et d’être parti d’une conception première, comme, par exemple, ces poésies de M. Rollinat, qui, tout détraquées qu’elles paraissent, ont l’honneur de vouloir être une unité… Seulement, qu’importe à la Critique, comme au poète, qu’un monsieur quelconque, désarmé de tout principe et de toute sécurité d’affirmation, et n’étant que la marionnette de son genre de sensibilité, trouve un poète adorable ou insupportable, selon le fil qu’il a entre les deux jambes, ce pantin ! La Critique est plus haute et plus simple que cela. Il ne s’agit, en définitive, que d’une seule chose pour elle, c’est, après avoir constaté le genre d’inspiration du poète, de déterminer son degré de puissance et sa place dans la hiérarchique, Pandémonium des poètes, où il faut le mettre et où il doit rester.

Et toute la question est là pour la Critique. Que cela plaise ou non à votre personne, à vos idées, à vos sentiments, à vos sensations, à votre éducation, à vos préjugés, l’homme que voici, l’inconnu d’hier qui s’appelle Rollinat et qui a écrit les Névroses, est-il puissant, – oui ou non, et quelle est la mesure de sa puissance ?

La mesure de sa puissance ? Je vais vous la dire. C’est l’état de détestation et de fureur où il vous met, vous qui la niez !

 

III

Les Névroses forment un volume de poésies, faut-il dire : lyriques ou élégiaques ? d’une intensité d’accentuation qui les sauve de la monotonie. C’est par l’intensité prodigieuse de l’accent que ce livre échappe au reproche d’uniformité dans la couleur. Il trouve dans sa profondeur de la variété… Ces poésies qui expriment des états d’âmes, effroyablement exceptionnels, ne sont pas le collier vulgairement enfilé de la plupart des recueils de poésies, et elles forment dans l’enchaînement de leurs tableaux comme une construction réfléchie et presque grandiose. Les Névroses se divisent en cinq livres : les Ames, les Luxures, les Refuges, les Spectres et les Ténèbres. Comme on le voit, c’est le côté noir de la vie, réfléchi dans l’âme d’un poète qui l’assombrit encore… Les imbéciles sans âme et à chair de poule facilement horripilée, ont reproché à M. Rollinat, comme un abominable parti pris le sinistre de ses inspirations. C’était aussi bête que de lui reprocher d’avoir des cheveux noirs… Si Shakespeare, que ces imbéciles admirent, par lâcheté de tradition, donnait aujourd’hui son Hamlet, le plus beau de ses drames, ils diraient de la scène du cimetière, où Hamlet, de ses mains de prince, joue au bilboquet avec des têtes de mort fraîchement déterrées, ce qu’ils disent des peintures horribles et sépulcrales de l’auteur des Névroses, car Hamlet et M. Rollinat font exactement la même chose, et cette chose doit soulever le cœur de ceux qui croient en avoir un bien placé auprès d’un estomac bien tranquille. La seule différence entre eux (avec celle du génie dont il ne peut pas être question ici), c’est que l’Hamlet du théâtre anglais est un sceptique désespéré qui n’a plus que mépris pour la vie humaine et pour le néant de l’humanité, et que l’Hamlet des Névroses n’a pour l’humanité et la vie que l’horreur, mais l’horreur la plus épouvantée !… Le poète des Névroses ne méprise pas à la manière d’Hamlet. On ne méprise pas ce qui fait peur, et il a une peur atroce des mystères inscrutables et toujours menaçants de cette vie incompréhensible et même de la mort. D’ailleurs, dans la succession des génies noirs, on a plus noir maintenant et plus sépulcral que Shakespeare. Nous, les décadents d’une race qui s’éteint dans les amollissements convulsifs et la pourriture de sa propre civilisation, nous avons été trempés dans un bien autre Erèbe que le grand poète anglais. Nous avons, nous, passé par Edgar Poë et Baudelaire, les précurseurs de M. Rollinat et dont il va continuer la tradition. On a dit contre M. Rollinat les choses déjà dites contre Edgar Poë et Baudelaire. Ce n’est même pas là des pauvretés qui aient le mérite d’être nouvelles ! Tous les trois ils ont obéi à la fatalité du même génie, et ils l’ont noir, comme un autre pourrait l’avoir rose, sans que la volonté à laquelle les esprits faibles croient, y soit pour rien. C’est là une raison pour que, encore une fois, la critique ne doive jamais poser, quand il s’agit de poètes que la question de puissance, laquelle implique toujours la question de sincérité.

Il n’y a, en effet, que les faibles qui ne soient pas sincères. Tous les petits talents, tous les petits caractères, les petits arts, les petites femmes, peuvent très bien n’être pas sincères et être charmants, de ce charme que la dépravation des hommes adore et qu’on nomme la félinité. Mais, quand il y a de la force quelque part, fût-elle une erreur du génie, car le génie a ses erreurs, ou une bassesse d’animalité, l’homme de cette force, quelle qu’elle soit, est immanquablement sincère. Nier la sincérité dans l’auteur des Névroses, c’était nier ou entamer sa force. C’était acte de félin contre un sincère. Balzac dit que l’envie est un vice qui ne rapporte rien, et il s’est trompé, tout Balzac qu’il est. Dans l’espèce, il a rapporté cela.

 

IV

Eh bien ! c’est cette souveraine équation entre la puissance du talent et la sincérité, qu’atteste dans sa terrible beauté, le livre des Névroses, – même avec ses excès, ses défauts et ses indigences, car certainement il en a, et je les connais aussi bien que vous ! Moi qui trouve une personnalité à M. Rollinat qui jette à l’ombre les poètes actuels, je veux bien convenir de l’énorme trou que fait dans son livre et dans sa tête l’absence d’idéal religieux, de tous les idéals le plus élevé et le plus beau ! L’auteur des Névroses est un Pascal sans Dieu, qui ne l’a jamais vu qu’une fois dans le fond de son gouffre, à la fin de son livre, quand il pousse la clameur de son de profundis. Je pourrais encore accorder que la langue poétique des Névroses, de cette poésie exaspérée, a trop souvent des bavures et des écumes, dues à l’exaspération de son énergie, et qu’il aurait fallu essuyer. Je pourrais, tout comme un autre, avoir la perfidie des citations, qui n’est pas une bien grande finesse, et, patient lapidaire de l’envie qui fait sa petite méchanceté, composer une petite mosaïque de citations tronquées, pour ridiculiser, en les isolant, un ensemble qu’on n’a pas sous les yeux… Il y a bien plus. Sur les cinq livres de mon poème, si j’avais été M. Rollinat, j’en aurais courageusement supprimé un, le livre des Luxures, et je n’en aurais gardé qu’une seule pièce, La Relique. Voilà, pour mon compte, tout ce que j’aurais pu reprocher et arracher à ce livre des Névroses, qui n’en place pas moins son auteur entre Edgar Poë et Baudelaire, mais qui est plus foncé en noir, plus lugubre, plus démoniaquement lugubre qu’eux.

C’est, en effet, sa caractéristique. Le démoniaque dans le talent, voilà ce qu’est M. Maurice Rollinat en ses Névroses. C’est le démoniaque devant l’inconnu, embusqué derrière tout, comme une escopette du Diable, devenu le seul Dieu, et qui a le tremblement du démoniaque devant le démon. C’est ce tremblement, l’inspiration vraie de M. Rollinat, qui fait sa puissance, quand il la communique à ceux qui le lisent entre deux frissons. Je comprends très bien que la lecture de ce poète hanté perpétuellement par tous les spectres de ce diabolique inconnu qui se tapit dans toutes choses soit importune aux imaginations qu’elle trouble. Je conçois très bien que toute cette littérature cadavérique, qui n’est pas une ironie, donne au cadavre vivant de tel vieux critique la peur désagréable d’être tout à fait un cadavre demain, et que cela influe légèrement sur son impartialité, mais l’homme qui secoue de telles peurs est assurément un poète d’une énergie plus grande que celle de tous les autres poètes contemporains, dont, certes le mérite n’est pas la force ! Lui, il l’a jusqu’à en abuser ! C’est évidemment un poète de la famille du Dante, qui a mal tourné, en tombant dans le monde moderne, mais ce n’est pas sa faute ! Du temps de Dante, l’enfer était sous terre, et à présent, il est dessus.

Un dernier mot sur sa sincérité. Ce sincère endiablé, c’est le mot, à qui on a reproché de n’être pas assez sincère, l’a été jusqu’à la maladresse ; il l’a été jusque contre le succès de son livre. Il y a laissé, malgré le conseil de ses amis, plusieurs pièces qui n’ont plus le caractère de ce sombre volume et qui y détonnent. Il y en a une, surtout, la Belle Fromagère, qui a produit sur certaines âmes, et c’était ces âmes-là auxquelles le poëte des Névroses aurait dû tenir le plus, un effet de dégoût si profond et si invincible, que ces âmes poétiques, dignes d’apprécier les beautés et les hardiesses du livre, l’ont fermé pour ne plus jamais le rouvrir. C’est le fanatisme dans un dégoût irrévocable. La Vache au taureau a révolté des pudeurs que je trouve par trop rougissantes, car c’est pour moi un groupe qui vaut le marbre dans sa plasticité et digne de la main de Michel-Ange ou de Puget, ces forts sincères qui n’avaient pas peur de la force ! M. Rollinat a poussé la sienne jusqu’à la malpropreté du fromage, mêlé à l’amour. Il fallait laisser les fromages à M. Zola. M. Maurice Rollinat ne l’a pas fait. Je le regrette pour la gloire de son livre.

J’aimerais donc cette gloire mieux que lui !

J. BARBEY D’AUREVILLY.

 

(1) Voir l’article : un Poète à l’horizon. Constitutionnel du 4 juin 1882.

 

Remarques de Régis Crosnier :

– 1 – Cet article est paru à l’identique dans Le Pays du 6 juillet 1883, page 3.

– 2 – L’article Rollinat – Un poète à l’horizon a été publié dans Le Constitutionnel du 2 juin 1882, page 3 (et non du 4 juin comme indiqué dans la note 1).

– 3 – Lucrèce est une tragédie en cinq actes et en vers de François Ponsard (1814 – 1867). Elle a été publiée par Furne et Cie libraires-éditeurs à Paris, en 1843. Une explication du succès de cette pièce nous est donnée dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle par M. Pierre Larousse, tome dixième (1873), à l’article intitulé « Lucrèce, (…) de Fr. Ponsard (théâtre de l’Odéon, 22 avril 1843) » : « Peu de tragédies ont excité, à leur apparition, autant d’émoi. Il s’en faut qu’elle soit sans valeur ; mais elle dut surtout sa vogue à l’esprit de réaction qui se manifestait alors contre l’école romantique ; en l’applaudissant, on protestait contre les Burgraves, qui furent représentés la même année, et l’on avertissait V. Hugo qu’on était las de l’admirer. (…) » (page 769).

– 4 – Le « petit quart d’heure de Sarah Bernhardt » correspond à la soirée chez Sarah Bernhardt du 5 novembre 1882. Celle-ci a fait l’objet de deux articles dans la presse : le premier paru le lendemain dans Le Gaulois (Lundi 6 novembre 1882, page 1) était signé Charles Buet sous le pseudonyme « TOUT PARIS » et était intitulé « Une Célébrité de demain » ; le second d’Albert Wolff est paru dans Le Figaro du jeudi 9 novembre 1882, page 1, sous le titre « Courrier de Paris ».

– 5 – L’auteur de Tragaldabas et de Profils et Grimaces, est Auguste Vacquerie (1819-1895).

– Tragaldabas est un drame bouffon en cinq actes daté de 1848 ;
– Profils et Grimaces est un recueil de critiques, publié chez Michel Lévy frères, Paris, 1856, 328 pages.

– 6 – Quand Jules Barbey d’Aurevilly, dans le II, parle de la Critique et des ennemis de Maurice Rollinat, il fait vraisemblablement allusion, entre autres, à l’article publié par Armand de Pontmartin dans La Gazette de France du 18 mars 1883, sur Les Névroses. Les commentaires y étaient très négatifs, voire au vitriol, et même les amis de Maurice Rollinat, comme Charles Buet et Jules Barbey d’Aurevilly, étaient pris à partie.

– 7 – Lorsque l’auteur évoque la scène du cimetière dans Hamlet de Shakespeare, il s’agit de la scène 1 de l’acte V. Si Hamlet prend un crâne juste sorti de terre puis le dépose, il n’est pas indiqué qu’il « joue au bilboquet » (William Shakespeare, La tragique histoire de Hamlet prince de Danemark, traduite par Guy de Pourtalès, Société littéraire de France, Paris, 1923, pages 137 à 148).

– 8 – Quand Jules Barbey d’Aurevilly écrit : « Il fallait laisser les fromages à M. Zola », il pense certainement au livre Le Ventre de Paris, où nous trouvons la description d’une boutique de fromages au sein des halles (pages 274 à 276 de l’édition de 1873). Dans plusieurs autres passages, l’auteur évoque encore l’odeur pestilentielle des fromages.