Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Livre – Revue du monde littéraire

Quatrième livraison du 10 avril 1883

Pages 247 et 248.

(Voir le texte d’origine sur Gallica.)

 

 

COMPTES RENDUS ANALYTIQUES
DES PUBLICATIONS NOUVELLES

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(page 247)

Poésies

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Les Névroses, par Maurice Rollinat. Avec un portrait de l’auteur par F. Desmoulins. Paris, Charpentier, 1 vol. – Prix : 3 fr. 5o.

Maurice Rollinat, comme tous les puissants originaux, tous les nobles indomptés de la littérature, tous les fauves non châtrés qui savent encore rugir, (page 248) est trop discuté maintenant en raison de son livre les Névroses pour que je puisse prétendre clore le débat par un article critique marqué au sceau des éloges les plus sincères ou le discuter sous ses trois faces également tragiques de diseur, de musicien et de poète.

Il y a six ans, lorsque parurent Dans les Brandes, un remarquable livre qui passa inaperçu, parce que aucun chroniqueur boulevardier n’osa tirer alors le coup de pistolet qui éclaire un homme jusque-là dans l’ombre, j’eus le plaisir d’éclater en louanges sonores dans un sous-sol du journalisme où je faisais alors mes débuts et où ma voix avait probablement plus d’écho à ma propre oreille qu’à celle du public. Aujourd’hui Rollinat est un homme de premier plan, c’est-à-dire une cible ; tout ce qui tient une plume dans la critique plastronne contre lui, on lui casse ses vers sur la tête ; on dénie la pure sonorité de ses rimes, on glose sur ses épithètes, on voudrait le forcer à avouer qu’il a toujours vécu dans les culottes de Baudelaire et qu’il a puisé ses frissons sur les bords du gobelet dans lequel Poë sablait son gin, – tout cela se calmera, – le journaliste parisien qui a proclamé Rollinat en premier article lui a peut-être rendu un piètre service, car il a fait éclore le poète trop subitement au jour aveuglant de la popularité ; la meute des petits confrères a bruyamment jappé à ses jambes ; toutes les poches de fiel se sont crevées, les vipères se sont hissées sur leur queue, le pauvre Rollinat a été enveloppé de rancœurs. – L’heure de l’applaudir est venue, on ne discute pas les vaillants qui poitrinent aux attaques.

 Je ne saurais dire à Maurice Rollinat que bravo ! pour son livre d’une si haute saveur originale. Les Ames, les Luxures, les Refuges, les Spectres et les Ténèbres, tous ces différents chapitres des Névroses sont pleins de pièces d’une belle allure et d’une vigueur peu commune.

La plupart des bibliothèques sont aujourd’hui pourvues des Névroses. Nous retrouverons le poète à son prochain livre, c’est-à-dire bientôt, il faut l’espérer. – Parce ce cliché banal je clos ces quelques lignes !

U.

 

Remarques de Régis Crosnier :

– 1 – La signature « U. » correspond à Octave Uzanne, rédacteur en chef cette revue.

– 2 – Au deuxième paragraphe, Octave Uzanne évoque un article qu’il avait écrit pour présenter le livre Dans les Brandes de Maurice Rollinat publié en 1877. Cette présentation a été faite dans la rubrique Petite lorgnette poétique, parue dans Le Conseiller du Bibliophile, du 1er juin 1877, pages 91 et 92, sous la signature de Louis de Villotte (pseudonyme utilisé par Octave Uzanne).

– 3 – « le journaliste parisien qui a proclamé Rollinat en premier article » est Albert Wolff dont l’article est paru dans Le Figaro du jeudi 9 novembre 1882, page 1, sous le titre « Courrier de Paris », suite à la soirée chez Sarah Bernhardt du 5 novembre 1882.