Dossier Maurice Rollinat

 

Pourquoi Maurice Rollinat s’est installé à Fresselines en 1883

 

Régis Crosnier, secrétaire des Amis de Maurice Rollinat.

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Version au 18 février 2024.

 

 

Au début de l’été 1883, Maurice Rollinat décide de quitter Paris(1) et veut s’installer dans la maison familiale de Bel-Air (commune de Ceaulmont). Mais cette propriété appartient à sa mère Isaure et celle-ci refuse.

Émile Vinchon explique cette décision par le fait que Maurice Rollinat aurait habité cette demeure achetée par son père, avec une « compagne » alors qu’il est toujours marié à Marie, née Sérullaz, et qu’il a passé plusieurs étés avec celle-ci à Bel-Air(2).

Maurice Rollinat contacte alors Alphonse Ponroy, instituteur à Chantôme. Celui-ci avait lu dans la presse locale des poèmes de Maurice Rollinat puis son livre Les Névroses. Il lui avait envoyé une lettre de félicitations et Maurice Rollinat lui avait répondu le 18 mars 1883(3).

Fin août ou tout début septembre, Maurice Rollinat rend visite à Alphonse Ponroy et lui expose le but de celle-ci : « Il me dit qu’il avait l’intention de se fixer dans les environs, soit à Crozant, soit à Fresselines, soit à Maisons-Feynes, qu’il voulait habiter là incognito, que, étant peu éloigné de Bel-Air, propriété de sa mère, située dans la commune de Ceaulmont, canton d’Eguzon (Indre), il lui serait facile d’avoir les provisions dont il aurait besoin, poulets, beurre, etc. Il me pria donc, moi qui étais dans la contrée, de lui trouver un modeste logis à louer. Et il ajouta que, encore une fois, il entendait habiter dans le pays incognito, que par conséquent, je devais être discret, que si quelqu’un me demandait qui il était, je le désignerais par un terme vague : touriste, artiste, peintre, mots bien connus dans la contrée, comme dans tous les pays pittoresques. »(4)

Le 11 septembre 1883, Maurice Rollinat et Cécile Pouettre s’installent à l’hôtel du Lion d’Or à Saint-Sébastien (Creuse) et Maurice Rollinat invite Alphonse Ponroy à venir déjeuner avec eux le lendemain, avant d’aller visiter les maisons que celui-ci avaient repérées et qui pouvaient convenir.(5)

Le 12 septembre, après le déjeuner et après avoir trouvé une voiture pour les emmener, Maurice Rollinat choisit de voir en premier, celle située au moulin de Puy-Guillon sur la commune de Fresselines. C’est une petite maison sur deux niveaux près de la Petite Creuse, avec deux pièces au rez-de-chaussée et deux à l’étage où on accède par un escalier extérieur. Maurice Rollinat est immédiatement enchanté par l’habitation, le site, le moulin, la rivière et son bruit, et décide de la louer au prix proposé par le propriétaire, le père Auxiette, soit 300 francs par an, bien qu’Alphonse Ponroy lui fait remarquer que c’est trop cher. La maison est louée au nom de Cécile de Gournay(6) car Maurice Rollinat veut y vivre incognito.(5)

Maurice Rollinat et Cécile Pouettre restent à l’hôtel du Lion d’Or une douzaine de jours en attendant que leur mobilier arrive de Paris et qu’ils puissent emménager à Puy-Guillon.(7)

Ils y resteront jusqu’en mars 1884. Ils déménageront alors dans une maison située à La Pouge, sur le plateau à la sortie du bourg de Fresselines.

 

 

Notes :

(1) Voir la fiche « Pourquoi Maurice Rollinat a quitté Paris ».

(2) Émile Vinchon, La vie de Maurice Rollinat, Documents inédits (Laboureur & CIE, Imprimeurs-Editeurs, Issoudun, 1939, 337 pages), page 151.

(3) Alphonse Ponroy, « Comment j’ai fait la connaissance de Rollinat » pages 97 à 101, article paru dans la Revue du Berry, 15 mars 1904, pages 97 à 105.

(4) Idem, pages 102 et 103.

(5) La visite à Fresselines a été racontée par Alphonse Ponroy dans son article « Histoire de mon premier déjeuner avec Maurice Rollinat » paru dans Les Feuilles du Bas-Berry n° 7, d’avril 1926, pages 155 à 161 (repris dans le Bulletin de la Société « Les Amis de Maurice Rollinat », n° 2 – Mars 1956, pages 25 à 31).

(6) Cécile de Gournay est le nom de scène de Cécile Pouettre (lorsque qu’elle jouait comme actrice à Paris).

(7) Émile Vinchon, op. cité, page 162.